Artistes : Apprendre à dire non, choisir ses expositions et éviter les pièges
Le parcours d’un artiste est jalonné de propositions, d’opportunités… et parfois de mauvaises surprises. Entre les sollicitations alléchantes, les expositions douteuses et les démarches commerciales agressives, savoir dire non devient une compétence aussi essentielle que la maîtrise de son art. Refuser certaines occasions, choisir ses lieux d’exposition avec discernement et éviter les escroqueries sont des étapes cruciales pour préserver sa carrière, son image et sa sérénité.
Pourquoi dire non est un acte professionnel
Dire non n’est pas un signe de faiblesse ni de fermeture, c’est un acte de gestion de carrière. Beaucoup d’artistes acceptent tout par peur de « manquer une chance » ou par crainte de froisser. Pourtant, accepter des collaborations ou expositions inadaptées peut nuire à la crédibilité artistique et générer frustration ou perte de temps.
Savoir dire non, c’est :
- protéger son image professionnelle,
- préserver son énergie créative,
- rester aligné avec ses objectifs artistiques.
Un artiste qui ose poser des limites gagne en respect et crédibilité.
Les dangers de l’exposition « à tout prix »
Il est tentant d’exposer partout pour « se faire voir ». Mais multiplier les expositions sans stratégie claire peut desservir :
- Dilution de l’image : être présent dans des lieux peu valorisants peut dévaloriser le travail.
- Public non ciblé : exposer devant un public qui n’achète pas ou ne s’intéresse pas réellement à l’art n’apporte rien.
- Coûts cachés : certaines expositions demandent des frais d’accrochage, de location ou de transport qui dépassent largement les bénéfices.
Un artiste doit évaluer chaque proposition en se demandant :
- Quel est le public attendu ?
- L’événement est-il reconnu et cohérent avec ma démarche artistique ?
- Quelle visibilité réelle vais-je en tirer ?
Reconnaître les fausses opportunités
De nombreuses structures profitent de l’envie des artistes d’exposer pour proposer de fausses opportunités, souvent sous forme de « pay to play ». Cela peut se traduire par :
- des galeries qui demandent de payer pour exposer, sans engagement réel de promotion,
- des concours factices avec frais d’inscription élevés et peu de visibilité,
- des plateformes en ligne douteuses promettant une visibilité mondiale contre un abonnement,
- des salons pseudo-internationaux qui ne sont en réalité que des foires commerciales sans sélection artistique.
Avant d’accepter : faites des recherches, demandez des avis à d’autres artistes, vérifiez la réputation du lieu ou de l’organisateur.
Les arnaques les plus fréquentes
Voici quelques signaux d’alerte :
- Demande d’argent excessive : si on vous demande plusieurs centaines d’euros pour exposer sans garantie claire, méfiance.
- Manque de transparence : pas de contrat, pas de détails précis sur l’événement, ni sur la communication.
- Flatteries excessives : « votre travail est exceptionnel », « vous êtes sélectionné parmi des centaines », mais avec une demande d’argent à la clé.
- Promesses irréalistes : « vous serez vu par des collectionneurs internationaux », « nous garantissons des ventes »…
Un artiste averti saura déceler ces pièges en posant les bonnes questions et en exigeant des preuves (catalogues passés, presse, témoignages d’artistes).
Construire une stratégie d’exposition
Au lieu de dire oui à tout, construisez une stratégie cohérente :
- Lister vos objectifs : vendre, rencontrer des professionnels, obtenir de la presse, toucher un nouveau public.
- Choisir les bons lieux : musées, galeries reconnues, événements crédibles, collaborations sérieuses.
- Valoriser la qualité plutôt que la quantité : mieux vaut deux expositions pertinentes dans l’année qu’une dizaine sans impact.
- Documenter chaque exposition : photos, catalogue, articles, retours de visiteurs.
Cette approche permet d’inscrire chaque exposition dans un parcours de carrière solide.
Comment dire non sans fermer de portes
Refuser une proposition ne signifie pas couper les ponts. Voici quelques formules professionnelles :
- « Merci pour votre proposition, mais elle ne correspond pas à mes objectifs actuels. »
- « Je préfère décliner pour cette fois, mais restons en contact pour d’éventuelles collaborations futures. »
- « Je ne suis pas disponible pour ces dates, mais je vous remercie pour votre intérêt. »
La politesse et la diplomatie permettent de dire non tout en laissant une porte ouverte.
Se protéger et rester vigilant
- Toujours demander un contrat écrit : il doit préciser les conditions financières, la durée de l’exposition, la responsabilité des œuvres.
- Assurez vos œuvres : une assurance responsabilité civile est indispensable.
- Demandez des références : si vous ne connaissez pas l’organisateur, renseignez-vous auprès d’autres artistes.
- Méfiez-vous de l’urgence : si on vous presse de signer ou de payer, c’est souvent mauvais signe.
Conclusion : l’art de dire non est un art de dire oui à soi
Apprendre à dire non, c’est se donner la liberté de choisir les bonnes opportunités, celles qui respectent votre travail et votre vision. C’est aussi refuser de gaspiller temps, argent et énergie dans des projets qui n’apportent rien.
Un artiste qui sait dire non est un artiste qui choisit son chemin avec lucidité, professionnalisme et confiance. Et c’est finalement cette posture qui attire les bonnes opportunités.

