Exposition : Déjà-vu

Exposition : Déjà-vu
Exposition : Déjà-vu

Quand

21 août 2025 - 30 août 2025    
0h00

Galerie Espace Temps
98 rue Quincampoix, Paris, France, 75003

Type d’évènement

L’exposition dans la galerie espace temps, la bien nommée, explore par le biais de trois artistes : Robert Cahen, Catherine Cheong et Alice Kok, la notion de « déjà-vu », à l’instar de la recherche de Marcel Proust qui s’interrogeait au début du siècle dernier sur le temps perdu, celui du quotidien et le temps retrouvé, celui du travail de mémoire, le temps de l’écriture. À la même période, le fondateur de la psychanalyse, Sigmund Freud, se questionnait lui aussi sur cette notion de « déjà-vu ». Dans Psychopathologie de la vie quotidienne (1901), Sigmund Freud considère que le déjà-vu est la réapparition d’un souvenir qui n’a peut-être pas existé dans la réalité, mais qui serait la perception d’un fantasme inconscient dont on ne peut donc se souvenir consciemment. Le déjà-vu peut être assimilé à un déjà-rêvé. Ce sentiment n’est pas très éloigné de l’Unheimlich, l’inquiétante étrangeté. L’unheimlich survient quand quelque chose de refoulé réémerge dans le quotidien sous un aspect déformé. Nous touchons là les points sensibles des pratiques des trois vidéastes qui explorent un passé recomposé par l’image.

Robert Cahen façonne un univers visuel qui interroge notre rapport au temps, à la mémoire, aux lieux et aux visages du monde. Ses œuvres ne racontent pas, elles suspendent. À travers ralentis, fondus, superpositions, Robert Cahen explore la densité émotionnelle de l’instant. Le réel y devient fragile, poreux, parfois fantomatique. La formation musicale de l’artiste, notamment auprès de Pierre Schaeffer, transparaît dans le soin porté au rythme, aux silences, aux résonances entre le son et l’image. Il ne filme pas seulement ce qu’on voit : il filme ce qu’on ressent. Dans un monde d’images rapides et d’émotions instantanées, le travail de Robert Cahen propose un regard attentif, lent, ouvert à l’infime et à l’imperceptible. Les oeuvres diffusées dans cette exposition sont une invitation à ralentir, à écouter l’image, et à redécouvrir le monde dans sa profondeur sensible.

 Le travail de Catherine Cheong explore les notions de mémoire, d’identité et de relation humaine à travers une pratique visuelle poétique et sensible. Formée à Macao et en France, elle développe une approche transdisciplinaire mêlant gravure traditionnelle, vidéo-installation et photographie, souvent enrichie de procédés numériques. Catherine Cheong utilise son propre corps comme un médium introspectif de création, puis emploie différents matériaux artistiques pour exprimer ses réflexions sur le monde extérieur. Ses œuvres prennent la forme de portraits symboliques inspirés par les personnes croisées au fil de son parcours. Chaque création devient un fragment narratif, tissé de détails biographiques, d’objets personnels ou de motifs culturels, évoquant la singularité de chaque rencontre humaine. L’artiste évoque la complexité des identités contemporaines et l’impact du passage du temps.

Alice Kok est une artiste visuelle originaire de Macao dont le travail s’inscrit à la croisée de l’intime, du politique et du transculturel. Diplômée des Beaux-Arts de Toulouse, elle développe une pratique plurielle et interroge les notions d’identité, de mémoire et d’appartenance dans un monde en constante mutation. Son œuvre se nourrit de son propre parcours et questionne les récits officiels, les frontières visibles et invisibles, ainsi que les constructions identitaires imposées ou choisies. Alice Kok se situe dans une position d’observation critique, mêlant témoignage, introspection et documentation. Un aspect central de sa démarche repose sur l’exploration des voix marginalisées. Son travail vidéo utilise le langage documentaire à des fins poétiques, brouillant les lignes entre le réel et le symbolique, entre histoire personnelle et mémoire collective.

Ces trois artistes vidéastes plasticiens nous immergent dans des univers qui nous rappellent que pour avancer, il faut se souvenir, nous sommes des mille-feuilles, des juxtapositions d’expériences vécues dans un espace temps transitoire dont cette exposition est la mémoire.

Laurent Quénéhen, critique d’art (AICA) & commissaire d’exposition (C-E-A)

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